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France Bashing

lundi 11 novembre 2013


Suite à la dégradation de la signature française, les titres de dette français sont désormais noté AA+ et non AAA par Standard & Poor's et Fitch, le Nobel d'économie Paul Krugman a vivement réagi sur son blog. Pour l'économiste, les agences de notation ont sanctionné la France uniquement pour l'incapacité du gouvernement à démanteler l'Etat-Providence

Dans son post de blog, Krugman regarde les fondamentaux de l'économie française ces dernières années, notamment au regard de l'Allemagne et il apparaît que l'inflation est basse, que le déficit commercial est malgré tout relativement bas (actuellement -2% du PIB en France mais +6% en Allemagne) et surtout que l'écart (le "spread") entre les taux d'intérêt des obligations à 10 ans françaises et allemandes est de 0,7 points en faveur de la France. Traduction: les titres de dette français sont mieux rémunérés que les titres de dette allemands pour un niveau de risque qui n'est pas très différent. Dans un précédent post, Krugman comparait le niveau de la dette publique et l'évolution du revenu par tête en France et au Royaume-Uni, un pays plus libéral et qui n'est pas dans la zone euro. Le Royaume-Uni avait une dette représentant 40% du PIB en 2007 contre 60% en France, les deux pays sont aujourd'hui au même niveau, autour de 90%. Le PIB par tête de la France a chuté de 3 points entre 2007 et aujourd'hui mais il a chuté de 6 points au Royaume-Uni. La France ne s'en tire donc pas si mal. 

Nous avions déjà dénoncé sur le blog les méthodes des agences de notations, notamment au regard de la dégradation de la note américaine en 2011. La notation ne se base sur rien de plus que des statistiques publiques et éventuellement sur quelques échanges avec les experts des institutions internationales : aucun expert des agences de notation n'audite réellement les comptes de l'Etat français. Leur note n'est qu'un jugement biaisé et idéologique sur la politique menée par un gouvernement et non un regard objectif sur la gestion des finances publiques. Disons-le simplement : couper les allocations chômage et privatiser le système de santé permettraient à la France de regagner un cran ; idem pour la diminution des impôts (en particulier sur les plus riches ?). Pour beaucoup de commentateurs, c'est d'ailleurs le ras-le-bol fiscal relayé par la presse et pointé du doigt par la Commission européenne qui justifie cette dégradation. 

Qu'il y ait ras-le-bol est naturel, personne n'aime payer des impôts et personne ne supporte payer plus d'impôts que l'année d'avant en ayant exactement les mêmes revenus. Pourtant, ni les agences de notation, ni aucune autre institution directement élue et non responsable devant les citoyens, ne peut déterminer ce que doit être le bon niveau d'impôts ou la taille idéale de la dépense publique. En période de crise, l'augmentation des impôts et le maintien de la dépense publique semble même être le meilleur moyen de résorber les déficits sans trop pénaliser la croissance, comme le souligne une note récente du FMI. Lors de la terrible crise des années 1930, le Président américain Roosevelt avait d'ailleurs imposé à ses citoyens une sévère augmentation des impôts et un programme d'investissements publics. Le gouvernement français a choisi cette alternative en finançant une grande partie de la diminution du déficit par des hausses d'impôts.

Ce qui est moins clair, c'est la stratégie du gouvernement qui consiste à diminuer le déficit public au plus vite car ce qui compte n'est pas seulement l'amplitude de l'ajustement mais sa vitesse. Politiquement, cela consiste à augmenter les impôts dans un premier temps et à supprimer certaines dépenses un peu arbitrairement dans les deux cas (mais c'est pratique car on sait combien on obtient), ce qui pénalise le revenu par tête sur deux ou trois années, avant une éventuelle reprise de l'activité. De mon point de vue, le poids de la dépense publique ou le niveau des impôts ne sont pas de véritables freins à l'activité économique, tout comme le coût du travail n'est pas un frein à l'emploi. Ce qui nuit à la compétitivité française, c'est le manque de personnes dans l'emploi et le niveau de richesses que chaque individu produit et cela devrait entraîner à mon sens une réforme vers une plus grande flexibilité du marché du travail et la déréglementation de certains secteurs. 

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