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Chypre: un sauvetage pavé de bonnes intentions...

mardi 19 mars 2013
Le plan de sauvetage de l'économie chypriote - financé à hauteur de 10 milliards d'euros par l'Europe et le FMI - a été accordé en échange de la mise en place d'une taxe extraordinaire de 6,75% à 9,9% sur tous les dépôts bancaires de l'île. Cette mesure rapportera 5,8 milliards d'euros au Trésor chypriote. Tous les titulaires d'un compte en banque à Chypre seront frappés d'une taxe unique et n'étant mise en oeuvre qu'une seule fois, 6,75% pour les dépôts de moins de 100 000 euros et 9,9% au-delà. Une mesure étrange si l'on s'en réfère à l'engagement pris par l'Union européenne de garantir tous les dépôts jusqu'à 100 000 euros en cas de naufrage bancaire. Une question de sémantique au final, la garantie n'interdit pas le prélèvement...au risque de créer un précédent qui pourrait être appliqué dans n'importe quel pays de la zone euro.

Une question de morale et d'équité

Si l'accord satisfait de nombreux pays européens, en particulier l'Allemagne, c'est parce qu'il frappera en partie les avoirs étrangers détenus à Chypre, qui représentent environ 37% du total des avoirs des banques chypriotes. Une partie de ces avoirs appartient à des citoyens russes, souvent accusés de blanchir de l'argent. L'idée de Merkel est également de faire en sorte que les contribuables chypriotes payent une partie du plan de sauvetage qui sera financé par les autres citoyens européens.

Enfin, Chypre est un paradis fiscal avec une sous-imposition du capital. Dans cette optique, la taxe extraordinaire ne ferait que corriger légèrement les prélèvements dérisoires réalisés les années précédentes. Chypre, ne souhaitant pas trop affecter son statut de paradis fiscal a d'ailleurs choisi de répartir l'effort entre les plus riches et les plus pauvres, lançant explicitement un signal aux dépositaires russes.

Le plan manque terriblement d'équité si l'on considère que l'on prend l'argent de l'épargne et que l'on ne ponctionne pas les investisseurs de long-terme ayant financé la dette chypriote ou ceux qui détiennent le capital des banques chypriotes. Par ailleurs, le prélèvement direct sur les avoirs bancaires n'a été appliqué dans aucun pays, ni en Irlande alors qu'il s'agit d'un paradis fiscal, ni en Lettonie alors que les banques lettones conservent des avoirs russes pour blanchiment.


Le sauvetage des banques est de toute façon payé par les épargnants

Les taux d'intérêt réels actuels (donc corrigés de l'inflation) sont négatifs dans de nombreux États, comme au Royaume-Uni. Un taux d'intérêt négatif signifie pour les banques qu'elles rémunèrent à moindre prix les dépôts bancaires qui leur permettent d'assurer leur métier de distribution de crédits. Cela veut dire aussi que les banques prennent chaque année indirectement de l'argent aux épargnants en reversant des intérêts largement dépréciés.

Ce sont des mesures douces comme celles-ci qu'il faut privilégier car la fuite des dépôts bancaires peut entraîner un moindre financement de l'économie qui peut entraîner une récession. Les politiques européens doivent se rappeler que nous avons besoin de garder un maximum de dépôts dans les banques afin d'assurer le financement de l'économie. Et pour cela il faut être clair sur les garanties offertes aux épargnants.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Si je comprends bien, il faut financer le plan de sauvetage de Chypre par la dette et l'emprunt vu que les taux d'intérêt sont bas? le problème est que l'endettement est limité à 60 % du PIB par l'UE.
Chypre a proposé de financer son plan de sauvetage par une mesure ponctuelle de prélèvements sur les dépôts pour effectivement mettre à contribution l'argent douteux des Russes mais surtout pour éviter une réforme fiscale d'envergure qui lui ferait perdre son statut de paradis fiscal.
Je me demande pourquoi l'UE n'a pas imposé une réforme fiscale à Chypre en échange de son adhésion à l'UE.

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