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Economie de la répugnance

mercredi 9 février 2011






Pourquoi mange-t-on du cheval, des escargots ou du pigeon dans les meilleurs restaurants français ? Pourquoi peut-on payer une mère porteuse dans certains pays et dans d’autres non ? Pourquoi la traite humaine, hier un des commerces les plus lucratifs alors que les droits de l’homme étaient déjà reconnus, est aujourd’hui bannie ?

N’avez-vous jamais pensé que la répugnance dessine les contours des marchés économiques ? L’économiste Alvin Roth répond magistralement à cette question dans cet article.

De mon côté, j’avais déjà évoqué le lien entre valeurs morales et l’ouverture de certains marchés lors de la légalisation des paris sportifs mais le récent débat sur les lois de bioéthique me permet d’aller plus loin. Car il s’agit bien de « répugnance » lorsque l’on parle de bioéthique : on ne s’attaque pas à l’argent et à l’appât du gain mais au corps humain, celui dont les produits naturels amènent souvent chez nous une répulsion ou une volonté d’éloignement.

Alors que la gestation pour autrui – les « mères porteuses » en langage courant – reste interdite, la finalité médicale de la procréation a été réaffirmée mettant de côté tous les cas « d’infertilité sociale ». L’interdiction de la recherche sur les embryons est réaffirmée et même fortement encadrée. En d’autres termes, on interdit à nos brillants chercheurs de faire des recherches sur l’amélioration des techniques existantes.

Par répugnance, nous interdisons aujourd’hui la congélation des ovocytes alors que les moyens techniques permettraient de les vitrifier et de les stocker. Pourquoi par répugnance ? Toute femme pourrait alors conserver ses propres ovocytes et faire le choix de repousser l’âge de la maternité au-delà de ce que la physiologie permet. Ici, la répugnance réside peut être aussi dans la volonté des hommes de garder pour eux seuls la possibilité de refaire leur vie après cinquante ans. Les frontières de la répugnance sont également dessinées par les rapports de la domination.

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