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Une semaine de réflexion sur les travaux des Prix Nobel 2010 d'économie

lundi 18 octobre 2010


C'est après une semaine (interrompue) de réflexion sur le Sveriges Riksbank Prize 2010 que votre humble serviteur décide de résumer les travaux de Peter Diamond, Dale Mortensen et Chris Pissarides.

Les trois professeurs ont dédié leurs recherches aux marchés à frictions, c’est-à-dire les marchés sur lesquels les offreurs et les demandeurs ne se rencontrent pas automatiquement. C’est le cas en particulier du marché du travail qui est à la fois très réglementé en termes d’embauche et de licenciement, mais qui connaît également un prix plancher – le salaire minimum – qui peut distordre les relations entre offre et demande de travail.

C’est là que nos lauréats innovent. Le premier est Mortensen qui théorise le chômage volontaire - comprenez le chômage transitoire des qualifiés - comme le résultat d’un comportement de maximisation des revenus. Autrement dit, un individu rationnel refuse d’occuper un emploi s’il estime pouvoir trouver un emploi plus intéressant dans un avenir proche. La durée du chômage est donc très liée au niveau de qualification des chômeurs: les plus qualifiés ont accès à un flux d’emploi plus important et restent donc moins longtemps au chômage.

A peu près au même moment, Diamond développe la théorie des externalités dans la recherche d’emploi en montrant que chaque individu en plus sur le marché du travail vient congestionner le marché, de la même manière qu’un flux de voitures peut créer un embouteillage. L’assurance chômage est donc utile car elle permet aux demandeurs d’emploi de « passer leur tour » et de limiter ainsi les « embouteillages » sur le marché du travail en laissant vacant un emploi qui correspondrait mieux à d'autres qualifications.

Les auteurs seront également à l’origine de la montée en puissance des politiques actives de l’emploi visant à assurer le « matching » ou en français la « bonne rencontre entre un employeur et un demandeur d’emploi ». Le cadre théorique du « matching » serra développé conjointement par Mortensen et Pissarides au début des années 1990. Leur modèle sera une véritable révolution pour les économistes du travail. D’une part, parce qu’ils raisonnent en termes de flux de chômeurs et non de stock. Ensuite, parce qu’ils intègrent l’impact du cycle économique sur le marché du travail. En temps de crises, la hausse du chômage résulte de l’augmentation des licenciements et de la diminution des offres d’emplois, il y a donc double contraction de l'offre d'mplois.

Le cadre théorique des "nobélisés 2010" a permis de réformer les politiques de l'emploi. D’abord, en préconisant des politiques actives. Favoriser le « matching » impose de mettre en place une formation « tout au long de la vie » et des mécanismes de requalification ambitieux. Ensuite, en apportant des éléments de réflexion plus subtils sur les caractéristiques de l’indemnisation du chômage, et très éloignés du cadre conceptuel de Jacques Rueff dans les années 1930 selon lequel les revenus de remplacement créaient du chômage volontaire.

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