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La réforme des retraites nous incitera-t-elle à avoir plus d’enfants ?

lundi 14 juin 2010
Dans les sociétés industrialisées, les couples tendent à avoir moins d’enfants qu’auparavant. En 1950, seulement 0.4% de la population mondiale vivait dans une région géographique dans laquelle le taux de fécondité était inférieur au taux de remplacement de la population, soit 2,1 enfants par femme. Aujourd’hui, c’est 43% de la population mondiale qui vit dans une telle zone géographique. Selon l’ONU, en 2050, 80% de la population mondiale vivra dans une zone géographique où le taux de fécondité est inférieur au taux de remplacement. Comment expliquer cette tendance ?

Le modèle économique « moderne » de la famille (Becker et Barro, 1988) met l’accent sur l’altruisme. Les enfants sont un bien de consommation : ils coûtent mais ils procurent un bien-être. Des théories plus anciennes (Leibenstein, 1957 ; Caldwell, 1978 et 1982) considèrent l’enfant comme un investissement, le retour étant un transfert monétaire ou nature lors des années de vieillesse. Dans ce cas, diminuer les pensions de retraites, ou bien créer des incertitudes quant à la capacité à pouvoir bénéficier de sa retraire peuvent influencer la fécondité.

Un papier récent de Billari et Galasso (2010) testent l’impact des réformes du système de retraite italien sur la fécondité. Les modifications du système de pensions italien ont entraîné des modifications des taux de remplacement pour les cotisants. Les individus qui ont connu des diminutions de leurs pensions ont des taux de fécondité significativement plus élevés (+10%) que ceux qui ne sont pas touchés par la réforme.

Les résultats des auteurs me permettent de me réapproprier deux choses. D’abord, le développement économique s’accompagne de systèmes de protection sociale qui permettent d’expliquer la diminution de la fécondité dans les pays en développement, peut-être plus que l'augmentation de l'emploi des femmes. Ensuite, les taux de fécondité des pays européens ayant une structure familiale traditionaliste, comprenez les pays du sud de l’Europe, devraient être plus sensibles à des modifications des systèmes de retraite.

En France, la réforme des retraites entraîne une incertitude i) sur la capacité à obtenir une retraite pleine et ii) sur le temps de cotisation nécessaire pour avoir une retraite pleine. Ces incertitudes ou le passage à un système de retraite « à la carte » pourraient inciter les femmes françaises à avoir le troisième enfant qu’elles désirent mais qu’elles ne font pas en raison des coûts économiques que cela engendre (TNS Sofres, 2005).

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